Le recul du trait de côte en France est un phénomène croissant dû au changement climatique et à la montée des eaux. Les actions humaines telles que la construction de digues et l'assèchement de marais accélèrent ce processus. Des solutions existent, comme la protection des laisses de mer, qui forment un rempart naturel contre l'érosion, et l'usage de géotubes pour créer des récifs artificiels. La Fondation de la Mer, dont Icade est partenaire, analyse ce phénomène et détaille les solutions envisageables pour atténuer ce fléau.

Le recul du trait de côte 

Avec le changement climatique et la montée des eaux, tout le littoral français est exposé à un risque accru d’érosion. Dans le Finistère par exemple, le village de Treffiagat est menacé de submersion. Après des années de chantiers et des investissements de la commune à hauteur d’un million d’euros sur dix ans pour contenir les flots, les autorités n’ont pas eu d’autre choix que de racheter sept maisons situées sur le littoral afin de les détruire.

 Les 20 000 km de littoral français (métropole et outre-mer) sont plus que jamais un sujet brûlant d’actualité et posent des problèmes humains et environnementaux fondamentaux. En effet, 22% des zones côtières sont soumises à un phénomène d’érosion et aucune région ne semble être épargnée par le phénomène de recul du trait de côte qui s'élève à 650 km, dont 270 km reculent à une vitesse moyenne de 50 cm par an. Ces zones fragiles sont pourtant 2,5 fois plus peuplées que la moyenne nationale avec une tendance prévue à la hausse en raison des avantages qu’offre cet espace particulier, lieu de récréation, de villégiature et de développement économique. Il convient dès lors de bien le connaître pour le gérer au mieux et anticiper ces évolutions, notamment grâce au suivi du trait de côte.

Le trait de côte peut être défini comme la limite entre la terre et la mer. Une limite fluctuante en raison de processus naturels mais également de l’action de l'homme sur les côtes : construction de digue, apports de sable ou assèchement de marais. Ces évolutions se traduisent en pratique par des phénomènes d’avancée de la terre sur la mer ou au contraire d’érosion du littoral comme c’est le cas au Lavandou et sur la Côte d’Azur, victimes d’un impressionnant recul du trait de côte. Pour répondre à ce défi, la loi climat et résilience du 22 août 2021 dote les collectivités territoriales de nouveaux pouvoirs afin d’étendre leurs compétences en matière d’urbanisme et d'aménagement.

« Il peut y avoir une mauvaise tendance qui consisterait à nettoyer les plages. En fait, ces laisses de mer, parce qu'elles ont une action sur le sable en figeant la plage, permettent de protéger nos littoraux  »

Alexandre Iaschine directeur général de la Fondation de la mer

 

La laisse de mer : une solution naturelle

Selon Lionel Lucas, fondateur de l’Association Ansel Bretagne, la laisse de mer constitue un rempart naturel contre l’érosion, en atténuant le déferlement de la houle et le transport éolien du sable. La laisse de mer est formée par les débris naturels déposés par la mer lors des marées et qui peuvent être d’origine végétale ou animale. Ensemble, ils forment un ruban parallèle à la mer qui peut s’étendre sur des distances importantes. Ce « tapis de débris organiques » sur la plage est donc l’embryon de la dune et un allié naturel et efficace pour lutter contre le recul du trait de côte.

 

Des actions pour lutter contre ce phénomène

● Lionel Lucas préconise d’éviter le nettoyage mécanique des plages avec des cribleuses qui détruisent la laisse de mer, privant ainsi tout l'écosystème qui y vit et s’en sert, d’une ressource essentielle à sa survie. La laisse de mer contribue à l’apport de sédiments, l’enlever entraîne donc une érosion précoce du littoral et la perte du sable. Cet argument commence à convaincre les collectivités littorales. Certaines acceptent de faire respecter la charte proposée l’été 2024 par le Ministère de la Transition Écologique qui aborde ce point et incite les mairies à pratiquer un nettoyage raisonné des plages.

● Il propose également des activités pédagogiques autour de la laisse de mer, comme des collectes de déchets à visée éducative.

● À travers les collectes de déchets, on peut également en profiter pour contribuer à des projets de sciences participatives, comme le protocole « Laisse de Mer » et les inventaires (algues ou espèces) proposés en partenariat avec le Muséum National d’Histoire Naturelle.

 ● Des solutions artificielles, bien que coûteuses, existent également comme l’installation de géotubes, des grosses chaussettes en textile remplies de sable, placées dans l’eau. Ces structures créent un récif artificiel qui force la vague à se former au large, réduisant ainsi la mise en suspension du sable et limitant son transport vers le large.

 

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