Actualité • 29 octobre 2024
Le Village des Athlètes a été, dès sa conception, pensé comme un démonstrateur de la transition écologique de la ville à horizon 2050. L’objectif est de laisser en héritage des ouvrages témoignant de l’excellence française en matière environnementale.
Témoignage de Florence Chahid-Nourai, Directrice de la performance durable et de l'expérience client, Icade Promotion.
L’exigence du cahier des prescriptions d’excellence environnementale de l’aménageur, la SOLIDEO, a poussé les acteurs à innover pour réduire l’empreinte carbone du projet et s’adapter aux dérèglements climatiques.
Concrètement le groupement Caisse des Dépôts/Banque des Territoires, CDC Habitat et Icade a divisé par deux son bilan carbone par rapport à une opération classique en dépassant les objectifs fixés par l’aménageur à 740 kg/CO2/m². Le bilan carbone est réalisé sur un cycle de vie complet (ACV) sur une durée de 50 ans.
Pour atteindre cet objectif, le recours au bois a été massif dans les choix de mode constructifs avec six des treize bâtiments construits en structure bois (poteaux/poutres et planchers) et 100% des bâtiments en façades ossature bois avec isolant bio sourcé en laine de bois. Le bois est issu à 100% de forêts gérées durablement et certifiées PEFC (Programme de reconnaissance des certifications forestières) ou FSC (Forest Stewardship Council) et 59% du volume de bois structurel est d’origine française dépassant l’objectif initial qui était de 30%.
Les bétons utilisés ont été conçus bas carbone avec des formulations adaptées. Les entreprises générales ont travaillé en amont du chantier sur les caractéristiques du béton à employer, pour que le béton puisse présenter un impact carbone faible fixant à 157 kg eq CO2/m3 maximum la quantité d’émissions carbone du béton à produire. Pour répondre à cet objectif ambitieux, les entreprises ont proposé l’installation d’une centrale à béton sur le chantier pour produire les plusieurs dizaines de m3 nécessaires à l’ensemble du projet. Ce choix permettait de maîtriser la production du béton et de réduire les flux circulatoires nécessaires à l’approvisionnement du béton sur le chantier, dans une logique de réduction des émissions de CO2 liées au transport.
Dix formulations de béton ont été identifiées avec le support des bureaux d’études. Elles correspondent aux différentes spécificités techniques du projet, intègrent les facteurs météorologiques et les cadences/rotations de production. Des laitiers de haut-fourneau* issus des déchets sidérurgiques ont été utilisés pour remplacer une partie du ciment dont la cuisson à haute température génère une forte pollution. Les équipes ont privilégié des fournisseurs détenant des carrières en France, en maximisant les apports par voie fluviale.
Plusieurs dispositifs ont été mis en place dès la conception du projet pour faire circuler l'air et se protéger du soleil : disposition des bâtiments en quinconces, doubles orientations systématiques des logements, balcons, dimensions des vitrages, occultations par persiennes, brises soleil ou stores.
A cette conception bioclimatique s’ajoute un système de rafraîchissement par le sol produit par une centrale de géothermie mise en place par l’aménageur à l’échelle du Village des Athlètes. De plus, la présence d’une forêt fraîche de 3 000 m² en cœur d’îlot offre une place importante à la nature et au vivant permettant également d’abaisser de quelques degrés la température ambiante en cas de fortes chaleurs. Enfin, une attention forte a également été portée à la gestion des eaux pluviales, qui a été intégrée aux réflexions sur la biodiversité et les sols. Les eaux étant considérées comme une ressource dans le projet et une réponse aux enjeux de résilience et d’adaptation.
Raisonner en circularité des ressources est structurant pour optimiser la matière et réduire l’impact des déchets. Désignant à la fois la réutilisation de matériaux avant le chantier et la seconde vie des matériaux après celui-ci, le réemploi a permis de réduire drastiquement l’empreinte carbone du Village des Athlètes.
Si le réemploi des matériaux de construction pose de nombreux défis, notamment en raison des dépenses induites par la dépose, le nettoyage, le reconditionnement, le stockage et le transport de quantités réduites, « les Quinconces » prouvent qu’il est possible de faire autrement.
Avec ce projet, le groupement Caisse des Dépôts/Banque des Territoires, CDC Habitat et Icade ambitionne de faire évoluer la réglementation pour ouvrir la voie à des projets plus respectueux de l’environnement et une construction plus responsable. Véritable laboratoire à ciel ouvert des nouvelles façons de construire, le chantier des Quinconces a notamment permis de lever un volume inédit de contraintes en un temps record, en particulier sur l’usage du bois, faisant ainsi évoluer le cadre légal afin que la construction durable devienne la norme.
*Les laitiers de haut-fourneaux sont des matériaux majoritairement vitreux, sous-produits de l’élaboration de la fonte résultant de la réduction des minerais de fer (Hématite Fe2O3 ou Magnétite Fe3O4) par le coke (combustible et agent réducteur) pour obtenir de la fonte (alliage de fer-Carbone, saturé en carbone; Fonte = pig-iron).