Entretien avec Sabine Brunel, Directeur de l’immobilier d’AXA France.

Depuis la crise du Covid, comment avez-vous transformé vos bureaux dans toute la France pour vous adapter à cette nouvelle donne ?

Dès 2016, bien en amont de la crise sanitaire et des confinements, nous avions lancé notre programme « Smart Working » avec des espaces de travail mutualisés soutenant la transformation culturelle, les nouvelles organisations du travail et l’essor du télétravail. Avec ce concept, les bureaux privatifs disparaissent en logeant tous les collaborateurs « à la même enseigne » en open-space mutualisé avec des espaces collaboratifs nombreux et variés. Cette approche a été confortée et encouragée par le confinement lié au Covid et a impulsé le travail hybride que l’on connaît actuellement. AXA France permet jusqu’à trois jours par semaine de télétravail avec deux jours de présence sur site et un jour où toute la Direction se retrouve pour entretenir le lien social et la dynamique d’équipe. Notre concept « Smart Working » se déploie au fur et à mesure de notre feuille de route immobilière en Île-de-France et en région et 70 % des collaborateurs d’AXA France en bénéficient à date. Finalement, nous utilisons moins de mètres carrés et nous les utilisons mieux.

 

Face aux nouvelles attentes des salariés, quels nouveaux services imaginez-vous ?

Les espaces de travail sont désormais conçus comme des lieux de vie et d’échanges en faisant la part belle aux espaces collaboratifs et en proposant une nouvelle « expérience collaborateurs ». Le bien-être au travail a été décliné avec des lieux de vie répondant aux besoins des collaborateurs, construits en partie avec eux et traités avec soin : caractéristiques acoustiques, décoration soignée, luminosité, circulations...Ils accueillent également de nouveaux espaces spécifiques aux nouveaux services : locaux dédiés à la « mobilité douce » aménagés par type de véhicule (trottinette, vélo, vélo cargo), aire de pique-nique, kiosque d’assistance à la vie sur site et à l’IT, conciergerie dont des soins esthétiques, un volet qualité de vie au travail (QVT) avec la présence ponctuelle d’ostéopathes, une offre d’activités sportives et culturelles, des animations et des événements pour faire vivre les sites. Au-delà du bien-être et de la qualité de vie au travail, on parle maintenant de services et d’ambiance empruntant les codes l’hôtellerie : le workspitality.

 

Quel rôle joue le bureau en matière notamment de cohésion, de créativité et d’incarnation de l’entreprise ?

Le bureau continue d’être un levier majeur de transformation culturelle de l’entreprise, particulièrement en matière de RH et de RSE. Pour les managers et les collaborateurs, il exprime l’appartenance des individus à une entreprise et il incarne ses valeurs par les lieux en eux-mêmes et par les services qu’il propose. C’est aussi un levier majeur pour dynamiser l’esprit d’équipe sur le site via l’amélioration continue de l’expérience collaborateurs et de la qualité de vie au travail. Qu’il s’agisse des immeubles, des espaces, de l’environnement et des services, le bureau entretient le lien social et la dynamique d’équipe. De fait, c’est un élément fort d’attractivité, de rétention des talents et de fierté. D’un point de vue RSE, le bureau est un symbole fort de fierté d’appartenance. Il intègre systématiquement les considérations RSE comme l’engagement de réduire notre impact environnemental. Aujourd’hui, la restructuration des constructions existantes est privilégiée en les rénovant plutôt qu’en les démolissant pour les reconstruire ensuite. La réutilisation des mobiliers et des matériaux se systématise également lorsqu’elle est possible. On voit se développer l’utilisation de mobiliers de seconde main, l’upcycling des mobiliers devenus inutiles (armoires, par exemple), selon des critères de proximité géographique (entreprises locales pour les travaux, mobiliers recyclables et fabriqués en France, avec des matériaux européens, voire français) et des critères de biodiversité dans le choix de nouveaux sites. Partie intégrante de notre démarche RSE, nos bureaux ont aussi vocation à s’ouvrir sur la société comme nous le faisons avec notre démarche « Inside » ou à proximité de nos implantations. AXA France le fait à l’image de l’intégration de « Cafés Joyeux » qui emploient des personnes en situation de handicap, dans notre modèle de restauration collective, par l’ouverture progressive de nos locaux à l’association Bureaux du Cœur pour proposer un hébergement temporaire aux personnes en situation de précarité.

 

Comment imaginez-vous le bureau de 2050 ?

La bonne nouvelle pour les propriétaires est qu’il y aura toujours des bureaux en 2050 ! Ils continueront à jouer ce rôle indispensable de partage entre collaborateurs, de cohésion autour de la culture d’entreprise, de dynamique d’équipe et de maintien du lien social. Ils seront aussi toujours plus qualitatifs, proposant davantage d’espaces collaboratifs formels et informels, des lieux de partage, de créativité et d’inspiration. Ils incorporeront également toujours plus de services pour inciter au retour sur site. Au-delà d’une restauration de qualité et d’une offre de conciergerie, ils mettront à disposition des collaborateurs des douches, des salles de détente et de sport, des potagers, des espaces extérieurs aménagés et ils proposeront des animations locales événementielles au sein de villes, elles-mêmes plus polyvalentes, davantage intégrées au sein de quartiers multifonctionnels sans faire de clivage entre bureaux, logements, commerces et loisirs.

 

 

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