Le quartier des Quinconces au coeur du Village des Athlètes à Saint-Ouen-sur-Seine (93)

Le sujet de la biodiversité et du paysage a été un enjeu central dans la conception du projet du quartier des Quinconces. Situé dans un environnement urbain dense et contraint, à proximité des rives de la Seine - couloir écologique majeur en Ile-de-France -, le site des Quinconces propose des aménagements permettant d’intégrer ce nouveau quartier dans son territoire et de développer la diversité de la flore et de la faune locales.

Témoignage de Laure-Anne Halay, Responsable Grands Projets-Village des Athlètes, Icade Promotion.

Un morceau de forêt au cœur du quartier : place à la biodiversité !

Au centre du nouveau quartier des Quinconces, la « forêt fraîche », véritable îlot de verdure de 3 000 m², a été pensée pour conserver volontairement un aspect sauvage et laisser la végétation évoluer librement, comme dans un bois francilien.

Conçue par étages et en différentes strates (cœur de foret, lisières, prairies), la forêt fraîche constitue un écosystème à part entière, similaire à celui de la Seine et de ses coteaux. Cette stratégie de diversification des strates et supports favorise le développement de la biodiversité grâce aux reliefs, aux zones d’ombre et de lumières ainsi qu’à la présence de rochers, de bois morts et de zones humides.

Les espèces végétales choisies sont toutes indigènes à la France et, pour la plupart, au Bassin parisien. Quelques essences du sud de la France ont été intégrées afin de permettre une adaptation de cet écosystème au réchauffement climatique.

Une forêt déclinée en 3 zones

La première zone, le « cœur de forêt », est constituée :

  • d’espèces de sous-bois (fougères, vivaces indigènes),
  • de groupes d’arbustes structurant l’espace (plus de 200 arbres au total ont été choisis minutieusement),
  • d’espèces s’adaptant à l’humidité des zones prévues pour l’infiltration des eaux de pluie.

Ce cœur de forêt sera un habitat pour de nombreuses espèces : oiseaux des sous-bois et des jardins, insectes, petits mammifères. La diversité de la faune présente est renforcée par la présence d’abris (nichoirs, hôtels à insectes, abri à chauve-souris...) et de sources alimentaires (espèces mellifères, arbustes à baies, ou encore bois mort).

La deuxième zone abrite les « lisières en balcons », sur les toitures basses entre chacun des plots. Comme dans un jardin particulier, la présence des papillons, des mésanges et autres faunes des jardins est favorisée par l’installation de nichoirs, d’abris à insectes ou encore la plantation des plantes, hôtes nécessaires au développement des chenilles et papillons.

Enfin, la troisième zone est constituée des « prairies », prenant place sur certaines toitures hautes des bâtiments. Elles seront de véritables refuges pour les oiseaux locaux et migrateurs. La palette végétale s’inspire, quant à elle, des associations prairiales des coteaux de la Seine où la profondeur de la strate fertile est relativement faible et le taux d’humidité du sol est fortement variable. Les autres toitures des bâtiments ont des fonctions techniques ou d’accueil de la centrale photovoltaïque.

 

Une cohabitation heureuse entre les habitants et la biodiversité

L’un des principaux enjeux a été de penser la cohabitation entre la biodiversité et les habitants et, au-delà d’une cohabitation, de créer un véritable lien entre les résidents et la nature. Eveiller les sens, développer le contact direct, sensibiliser ont été les maîtres-mots dans cette démarche.

Pour que cette cohabitation soit pertinente et réussie, il a fallu toutefois différencier des zones d’exclusion, refuge à la faune commune, de zones de superposition où l’Homme cohabite avec une faune habituée à sa présence, spécifique aux jardins. Ces espaces sont laissés totalement en libre évolution pour que les processus dynamiques puissent se mettre en marche et laisser la place à une nature spontanée. Par exemple, le travail autour de la biodiversité s’accompagne aussi de critères sélectifs pour le choix de l’éclairage, utile aux résidents mais pouvant perturber la faune : intensité, orientation, spectre lumineux. L’attention portée à tous ces éléments est essentielle. 

La présence de la biodiversité, une réponse aux enjeux de la ville d’aujourd’hui et de demain

Porteuse d’ombre, la biodiversité améliore la qualité de l’air et permet de lutter efficacement contre l’effet d’îlot de chaleur. Les eaux de pluie provenant des toitures sont acheminées en surface vers une zone humide en contrebas de la forêt fraîche, peu gourmande en eau, créant un milieu particulièrement riche en biodiversité. Les plantes sont quant à elles sélectionnées pour résister à une sécheresse moyenne. La forêt permet de tempérer le quartier grâce à l’ombre et à l’évapotranspiration naturelle de la végétation et joue ainsi un rôle d’ilot de fraîcheur. Les enjeux, comme la présence des espèces allergènes, sont aussi traités avec une palette large et diversifiée permettant d’éviter leur concentration.

Une démarche labellisée Biodivercity

Cette démarche est reconnue par la labellisation BiodiverCity. Ce label délivré par le CIBI a vocation à valoriser les projets à forte valeur ajoutée autour de 4 axes : l’engagement du maître d’ouvrage, les moyens mis en œuvre dans la conception du projet, l’évaluation des bénéfices écologiques et enfin les bénéfices pour les usagers. Ainsi, un écologue a accompagné les équipes durant tout le projet, de sa conception jusqu’à la gestion des premières années. Cette démarche favorise la mise en place d’une gestion différenciée permettant d’adapter les pratiques aux besoins et contraintes de chaque zone. Elle nécessite par exemple un engagement sur l’absence d’utilisation de produit phytosanitaire pour l’entretien. Elle implique aussi une gestion douce – a contrario d’une gestion intensive – visant à limiter l’intervention humaine pour favoriser une évolution des milieux plus naturelle. Avec la mise en place d’un suivi de la faune et de la flore, l’objectif est une adaptation dans la gestion en continu, pour améliorer la qualité écologique du site.

Une innovation juridique : l’Obligation Réelle Environnementale

Enfin, pour assurer une pérennité sur le long terme de la préservation de la biodiversité et des espaces naturels (jardin, forêt…), le groupement Icade-Caisse des Dépôts-CDC Habitat a fait le choix de mettre en place une ORE (Obligation Réelle Environnementale). Cette innovation impose une gestion précise des espaces et engage les propriétaires successifs à respecter de manière durable les obligations de protection de l’environnement, de gestion écologique de la forêt urbaine et des espaces de biodiversité (nichoirs…). Les habitants seront parties prenantes de cette démarche, accompagnés par des professionnels, pour observer l’évolution de la biodiversité et participer à l’entretien des espaces. Un lieu dédié, appelé Ecolab, au rez-de-chaussée du projet, aura vocation à accueillir les habitants pour les sensibiliser et animer des ateliers dédiés.

Les entreprises d’espaces verts devront également être formées et qualifiées sur les sujets de gestion écologique pour respecter le projet et préserver le rendu. 

 

Conception de la forêt urbaine : agence de paysage TN+

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