Christophe Lasnier, directeur général adjoint de la SCET.

Le directeur général adjoint de la SCET, Christophe Lasnier, nous livre son témoignage sur la ville de demain, les tendances sur la mixité des usages et les freins à lever pour réaliser la ville hybride souhaitée.

Quelle est votre vision de la ville de 2050 ?

Quatre-vingt à quatre-vingt dix pour cent de la ville de 2050 existe déjà. J’espère qu'elle sera plus durable, plus verte, moins brillante, plus agréable à vivre. C'est une trajectoire qui est prise dans de nombreuses grandes métropoles. Surtout, j'espère qu'elle sera vibrante, c'est-à-dire avec des enfants qui courent dans les rues et qui réinvestissent l'espace public, avec aussi des personnes âgées qui trouvent leur compte au milieu de cette ville en 2050 parce qu'elles seront de plus en plus nombreuses. Et d'ailleurs, j'en ferai partie. J'espère donc qu'elle sera vraiment vibrante cette ville en 2050 avec également beaucoup de culture et de musique.

 

Quelles sont les grandes tendances pour la ville en matière de mixité des usages ?

Il y a deux grandes tendances pour la ville en termes de mixité des usages qui sont encore embryonnaires, mais qui commencent à se dessiner aujourd'hui. 

La première, c'est d'augmenter l'intensité d'usage des bâtiments. Comment peut-on améliorer l'usage de tout ce qui existe déjà ? On peut citer par exemple les cours d'écoles qui sont fermées tous les soirs, tous les week-ends, toutes les vacances scolaires. On peut citer les internats des lycées qui sont fermés durant toutes les périodes de vacances scolaires et, par exemple en zone touristique, au moment où des saisonniers n'arrivent pas à se loger. Des exemples comme ceux-ci, on en a beaucoup en matière de logement, en matière de bureau. L'une des grandes tendances à consolider, c'est d'augmenter l'intensité d'usage des bâtiments.

La deuxième grande tendance, c'est d'augmenter la mixité des immeubles. On peut penser au développement de crèches au sein d'EHPAD. On peut penser à une association qui s'appelle « Les Bureaux du Cœur » qui propose d'héberger des SDF dans les bureaux quand ils sont fermés la nuit. Ce développement de la mixité des usages est une deuxième grande tendance qui décolle aujourd'hui ; j'espère qu'elle deviendra plus massive dans les années à venir.

 

« Ce développement de la mixité des usages est une deuxième grande tendance qui décolle aujourd'hui ; j'espère qu'elle deviendra plus massive dans les années à venir  »

Christophe Lasnier

 

Quels sont les principaux freins et comment les lever ?

Les freins nous entourent tous les jours, à titre individuel et à titre collectif. Ils sont organisationnels, juridiques, financiers, RH...Ils sont si nombreux qu'on aurait du mal à les citer en quelques minutes. Mais je dirais que le point clé pour lever tous les freins à l'hybridation de la ville, c'est la volonté individuelle et la volonté politique. C’est quelque chose qui est en chacun de nous, à l'échelle à laquelle on travaille, qu’on soit citoyen, qu'on soit résident d'une copropriété, qu'on soit salarié, qu'on soit chef d'entreprise ou qu'on soit bien sûr élu. Je pense que pour lever les freins qui nous entourent, c'est effectivement une question de mobilisation à la fois individuelle et collective.

 

Vous avez publié la 3ème édition de votre livre blanc sur le ZAN. Quels en sont les principaux enseignements ? Et si vous ne retenez qu’une tendance, quelle est-elle ?

Le groupe SCET a publié il y a quelques mois la troisième édition de son livre blanc sur le Zéro Artificialisation Net (ZAN) ; livre blanc que nous avons réalisé avec une dizaine de partenaires et j'en profite pour les remercier à cette occasion. 

Trois grandes tendances dans cette édition 2024 : la première, c'est qu'il y a une prise de conscience sur le ZAN, mais qui est encore imparfaite puisque seulement six acteurs de l'immobilier et de l'aménagement sur dix ont pris réellement conscience des enjeux du ZAN.  Donc six sur dix c'est, je trouve, assez peu car ça fait des années que la législation se met en place. La deuxième grande tendance, c'est qu'il manque des outils pour relever le défi du ZAN en France, notamment des outils financiers et des outils fiscaux. Il y a besoin d'ingénierie auprès des acteurs publics et des acteurs privés pour comprendre la façon dont le ZAN se met en œuvre et il y a également besoin d'outils en matière de compensation environnementale. Le troisième enseignement, c'est que les effets positifs du ZAN sont très partagés dans cette nouvelle édition. La perception positive du ZAN est moins forte que l'année dernière parmi les acteurs de la ville et de l'immobilier. Je pense notamment que cela est dû aux difficultés de mise en œuvre qu'on rencontre sur le terrain et aux critiques qui sont assez fortes, qui se déploient depuis les dernières semaines et les derniers mois sur l'enjeu de la mise en œuvre de cet objectif ZAN.

 

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