Valérie Fourthies est Directrice Immobilier France du groupe Veolia. Elle est en charge de tout le volet immobilier France de Veolia (hors outil industriel) et a accompagné pendant 7 ans l’ensemble du projet de nouveau siège, depuis les premières réflexions jusqu’à la remise des clés en juillet 2016.

"Compte tenu de nos métiers, nous sommes attentifs aux questions de flexibilité de l’immeuble pour pouvoir modifier nos implantations sans trop de difficultés."

Valérie Fourthies Directrice immobilier France chez Veolia Environnement

Pouvez-vous en quelques mots nous présenter les spécificités de votre groupe en termes d’immobilier et notamment d’immobilier tertiaire ? 


"Nous avons beaucoup de foncier avec plusieurs milliers de sites en France. Nous avons du pur immobilier tertiaire, notamment dans les grandes métropoles mais l’essentiel de nos sites sont des sites d’exploitation, impliquant ainsi d’autres contraintes de stockage, d’atelier ou de stationnement par exemple. 


Concernant la partie tertiaire bureaux, nous avons toujours une demande forte pour nos sièges régionaux ou nos fonctions supports. Sur ce type de produit, nous sommes bien sûr très attentifs aux questions de bien-être des collaborateurs ou à l’implantation par rapport aux réseaux de transports. A ceci s’ajoute, compte tenu de nos métiers, un important besoin de flexibilité de l’immeuble pour pouvoir modifier nos implantations sans trop de difficultés.  


Le dernier point clé est l’alignement du bâti avec notre Raison d’être : « Ressourcer le monde ». L’immeuble doit incarner cette vision en étant exemplaire en termes d’économie d’énergie, de consommation de ressources, etc."


Pouvez-vous nous parler de votre nouveau siège, le V  ? Comment s’aligne-t-il notamment sur ces enjeux ? 


"Le besoin initial était celui de rassembler plus de 2 300 personnes réparties dans plusieurs sites d’Ile-de-France. Si plusieurs sites avaient été identifiés pour notre projet, nous avons choisi celui d’Aubervilliers car c’était un site en devenir, nous permettant ainsi d’incarner pleinement notre rôle d’acteur de la cité, d’être un maillon de la solidarité urbaine. Bien sûr, ce projet avait pour but premier de construire une maison commune pour tous nous rassembler, mais dans une maison à notre image, celle d’un acteur essentiel du développement durable. Il y a eu 5 ans d’études et de travaux pour atteindre l’excellence environnementale que nous défendons. Les réflexions ont touché tous les sujets : performance énergétique, durabilité, choix et impacts des matériaux utilisés, mobilité du personnel et télétravail, qualité de l’air intérieur…"


Comment avez-vous embarqué vos collaborateurs dans ce projet ? 


"La première étape a été de constituer un comité de pilotage avec tous les responsables des business units concernées par ce déménagement, les DRH, les DSI, les responsables RSE… Ce comité a été complété par une équipe de 150 volontaires de tous horizons qui avait pour rôle de faire remonter les différents besoins et souhaits. Il était également très important d’associer les structures représentantes du personnel, nous avons ainsi formé un comité ad hoc avec les différents CE et CHSCT. Ce dispositif a été animé sous la forme de groupes de travail couvrant différentes problématiques : l’aménagement et les services, l’insertion dans le territoire, l’accompagnement au changement, la communication interne et externe, le déménagement en lui-même, etc.  
Nous avons visité de nombreux sites, showrooms de mobilier, allant autant que possible sur des livrables très concrets : de quel mobilier avons-nous besoin ? De quels outils indispensables nos bulles et salles de réunion doivent-elles être équipées ? Quel nom donner au siège ? Quelle information mettre en place ? Que souhaitons-nous comme salle de sport, comme restauration ? Quid de la conciergerie, etc. Presque tout ce qui pouvait raisonnablement être mis en place l’a été."


Quel retour d’expérience portez-vous sur le projet  ? Quels conseils donneriez-vous à une organisation qui lance un projet similaire  ?  


"Les retours sont très positifs ! Le V est aujourd’hui un modèle inspirant pour nos collaborateurs de passage qui repartent sur leur site en voulant la même chose en termes d’organisations et de modes de travail ! Le V est aussi devenu un atout fort pour le recrutement des talents. 

Associer tout le monde le plus en amont possible est indispensable. Outre toutes les bonnes idées qui ont émergé des groupes de travail, nos 150 volontaires ont été de vrais ambassadeurs de la démarche, pour propager les messages ou identifier très en amont les situations à risque. Un déménagement c’est d’abord un projet d’entreprise.  

Nous sommes également très satisfaits de la manière dont nous avons géré la communication interne. Nous avons autant que possible donné la parole à nos collaborateurs et beaucoup exploité le format vidéo. Un exemple, des binômes ont filmé le parcours entre les gares de Rosa Park et Front Populaire et le nouveau siège en se chronométrant. Le fait de porter les messages de façon incarnée et transparente par des collaborateurs a été très efficace. 

Si c’était à refaire, je pense que nous serions encore plus vigilants sur le choix de certains matériaux sur des questions de qualité ou d’acoustique. Nous serions peut-être aussi allés plus loin sur les réflexions en termes d’occupation d’espace ou d’allocation des espaces de travail pour accueillir plus de collaborateurs de passage."