Stanislas Bourron, directeur général de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) explique le rôle et les actions menées par l’Agence auprès des élus locaux dans la transformation de leur ville et plus particulièrement sur les entrées de villes.

En tant qu’acteur de la cohésion des territoires, comment agissez-vous pour changer le regard sur les entrées de ville ?

La méthodologie de l’ANCT est de partir des projets des maires et de les accompagner notamment via nos programmes, avec l’appui des préfets et des partenaires. Dans le cas des entrées de ville, il s’agit, sur la base du volontariat des élus locaux, de mener des expérimentations pour engager la transformation de ces zones.

Les entrées de villes ont connu un fort développement ces dernières décennies, alimentées par l’essor de la voiture individuelle. Aujourd’hui, ce sont des espaces d’activités économiques dépendants de la desserte routière, et souvent, en effet, de faible qualité architecturale et paysagère. Surtout, elles ne sont pas adaptées aux exigences de la transition écologique et de l’évolution climatique. Les sols sont artificialisés et imperméabilisés, les bâtiments sont peu performants sur le plan énergétique, la biodiversité est peu prise en compte, etc. L’ANCT s’efforce donc, via son offre de service, d’aider les collectivités à changer les usages des entrées de ville, par exemple en accompagnant les maires dans la réalisation de travaux de voirie ou de pistes cyclables, dans la renaturation des espaces, dans des études pour évaluer le foncier disponible. Cela dans le but de diversifier et mutualiser les usages des entrées de villes.

 

Vous avez publié un guide sur les entrées de ville à destination des communes. En quoi l’accompagnement de l’ANCT est-il spécifique pour ces zones et pourquoi ?

Afin d’accompagner les maires qui sollicitent l’ANCT en faveur de la transformation des entrées de ville, chantier de très grande ampleur, l’agence a répertorié les aides existantes mobilisables des administrations centrales et partenaires du programme, Action Cœur de Ville, Territoires d’Industrie, le Plan de Transformation des Zones Commerciales (PTZC), mais aussi la Banque des Territoires, l'Agence Nationale de l'Habitat (Anah), la Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature (DGALN) ont ainsi contribué à la rédaction.

 L’ambition est de donner des outils aux élus pour favoriser la sobriété foncière, améliorer la qualité architecturale, urbaine et paysagère des entrées de ville, accompagner les évolutions du secteur commercial et des modes de consommation futurs et de diversifier les fonctions urbaines. Ces objectifs sont par ailleurs soumis à une exigence en termes de transition écologique : désartificialisation voire renaturation de certains espaces, sobriété foncière et décarbonation des mobilités.

 L’accompagnement proposé par l’ANCT et ses partenaires pour parvenir à ces objectifs est multiple. Il est à la fois méthodologique, technique et financier grâce à la mobilisation de son marché d’ingénierie. Un accompagnement « sur mesure » peut également être proposé aux villes « Action Coeur de Ville » (ACV) souhaitant se mobiliser sur le sujet, à travers une importante offre d’ingénierie. Les villes pilotes peuvent ainsi bénéficier d’un accompagnement par des équipes d’ingénierie locale de proximité, de subventions d’études ou de travaux et d’interventions d’experts spécialisés dans le périurbain.

« L’ambition est de donner des outils aux élus pour favoriser la sobriété foncière, améliorer la qualité architecturale, urbaine et paysagère des entrées de ville, accompagner les évolutions du secteur commercial et des modes de consommation futurs et de diversifier les fonctions urbaines.  »

Stanislas Bourron Directeur général de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT)

 

Quel premier bilan faites-vous du dispositif ?

87 villes sur les 245 du réseau ACV intègrent une ou plusieurs entrées de ville dans leur périmètre d’action. La majorité des villes ayant montré un intérêt pour ce périmètre en sont, pour l’instant, à une phase d’études pour évaluer les opportunités d’action sur ces espaces. Quelques villes Action Cœur de Ville sont, par ailleurs, accompagnées par la Banque des Territoires dans le cadre d’un appui à la restructuration des entrées de villes moyennes. Enfin, 22 villes Action Cœur de Ville bénéficient du Plan de Transformation des Zones Commerciales avec un accompagnement en ingénierie renforcé ou un financement du déficit d’opération.

Il nous faut néanmoins rester vigilants à ce que les dispositifs cœur de ville et entrées de ville soient complémentaires et veiller à ce que les projets de revitalisation d’entrées de ville ne soient pas contradictoires avec l’objectif initial de revitalisation des centres-villes. L’objectif des expérimentations est de « faire de la dentelle », de trouver des solutions sur mesure qui pourront revitaliser ces zones sans pour autant porter atteinte aux centres-villes.

Comment intégrez-vous l’urgence écologique dans votre dispositif ?

La transition écologique constitue le fil conducteur d’Action Cœur de Ville 2. Cette seconde phase d’Action Cœur de Ville s’est ouverte aux entrées de ville avec des objectifs ambitieux : favoriser le développement urbain selon le principe de la sobriété foncière, lutter contre l’artificialisation des sols, embellir les entrées de ville, diversifier les fonctions urbaines de ces zones et permettre la renaturation et la réindustrialisation. En partenariat avec le Cerema, les villes pourront ainsi être accompagnées sur les thématiques « Nature en ville », « Mobilités décarbonées »,« Sobriété foncière » et « Adaptation au changement climatique » avec une attention particulière portées sur les entrées de ville. Plusieurs villes ont déjà manifesté leur intérêt pour bénéficier d’un accompagnement spécifique sur ce périmètre, notamment en matière de « Mobilités décarbonées."

 

 >Cliquez ici pour consulter le livre blanc publié par Icade « Entrées de ville, quartiers de vie » dédié à la transformation des entrées de ville.