La ville de 2050 sera confrontée à plusieurs défis dont celui de l’eau. Pour le secteur de l’immobilier, c’est la question de l’eau dans les sols ainsi que sa capacité à être récupérée par les habitats qui priment. Emma Haziza, hydrologue et Présidente de Mayane Labs, a répondu à nos questions sur les défis liés à l’eau et sur les solutions à adopter.

 

Quelle est votre vision de la ville de 2050 ?

La ville de 2050, ce sera celle d'une ville face à de nombreux défis, des défis, déjà, de plus d'eau par moment, puisque si vous avez une température bien plus élevée, et bien vous allez vous retrouver avec toujours plus de rivières atmosphériques, toujours plus d'inondations qui peuvent venir dévaster les territoires. Une ville plus chaude, c'est aussi une ville parfois beaucoup plus sèche durant de très grandes périodes. Et surtout, et bien une ville qui va avoir des sols qui produiront de moins en moins, des sols qui seront de plus en plus contraints, notamment au niveau des habitations. On le voit déjà, on a une évolution actuellement qui nous montre ce que pourrait être cette ville de 2050 avec ses risques de retrait-gonflement des argiles dans les sols, ça veut dire qu'on n'est pas tous égaux parce qu'on n'a pas tous les mêmes sols, on n'a pas tous les mêmes capacités de nappes. Certaines nappes, notre source va être très volatile, très fragile face à une canicule, alors que d'autres vont être plutôt préservées pendant des décennies.

 

Quels sont les principaux défis liés à l’eau en particulier pour le bâtiment et l’habitat ?

C'est d'abord la question de l'eau dans les sols, donc c'est cette capacité des sols à se rétracter ou à gonfler en fonction de leur quantité d'argile. C'est aussi cette capacité de l'eau à être récupérée par les habitats. On peut la récupérer à travers les toitures, à travers notamment les gouttières aujourd'hui. Demain, il existera encore d'autres systèmes ; mais on a vraiment ce défi d'être capable de rendre le bâtiment apte à capter l'eau pour pouvoir la restituer soit à un ensemble de végétaux qui vont contribuer notamment à des îlots de fraîcheur et donc à faire en sorte que la ville soit plus habitable. Et puis on va avoir de plus en plus de problématiques liées au risque inondation. Donc il va falloir adapter les bâtiments avec des formes de ce que l'on appelle des bâtards d'eau. Ce sont des formes de portes qui évitent à l'eau de pénétrer. Aujourd'hui, on sait faire, on sait transformer des villes entières pour les rendre capables de vivre avec le risque inondation et donc de faire face en réduisant l'endommagement à l'intérieur des maisons.

C'est un ensemble de solutions à l'échelle du bâtiment, donc pour le risque inondation, pour le risque sécheresse. Et puis ce seront des bâtiments qui consommeront beaucoup moins d'eau, aujourd'hui, on sait aussi faire. On sait réduire quasiment plus de 80 % de notre consommation d'eau quotidienne dans nos robinets, dans nos toilettes, dans nos douches, il va falloir que ça se systématise partout, on en a absolument besoin parce qu'une ressource qui est extrêmement sollicitée déjà par le milieu naturel et par les sécheresses répétées, et bien c'est une ressource qu'il va falloir préserver par nos usages humains.

 

Quels sont les pistes et bonnes pratiques pour repenser le cycle de l’eau en ville ?

Alors, les pistes, les bonnes pratiques, ce sont toutes celles qui vont réussir à freiner un cycle de l'eau qui s'accélère. Donc aujourd'hui, on était sur une accélération de ce cycle de 2 à 3 % dans le monde, on voit qu'on est passé à 7 %, c'est quelque chose qu'on n'avait pas prévu. Donc il va falloir capter cette eau au maximum, soit réussir à l'enterrer dans des cuvelages souterrains, soit réussir à la capter dans des éléments qui réussissent à contenir cette eau et à la restituer avec un effet retard. Ce seront également des bâtiments qui permettront peut-être d'avoir une entrée de garage grillagée où on laisse le lien avec le sol. Ce seront des bâtiments qui n'auront plus de terrasses à l'extérieur par exemple tout simplement parce que c'est toujours une sorte de cuirasse qui empêche l'eau de pénétrer, donc il va falloir ouvrir au maximum le lien entre l'atmosphère, le sol et les sous-sols pour réussir à avoir une ville qui respire, un sol qui respire, et surtout, ce cycle de l'eau qui, à petite échelle, et bien, peut se restaurer.

 

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