Actualité • 15 octobre 2024
Entretien avec Gilles Babinet, président du Conseil national du numérique, cofondateur de Urbantech Ventures, fonds en développement dédié à l'amélioration de la performance des infrastructures par l'intelligence artificielle
Je suis convaincu que demain, l’IA sera comparée à l’électricité. Il s’agit d’une technologie de rupture, car elle introduit un nouveau paradigme. Technologie systémique, elle affecte tous les domaines, à l’instar de l’électricité. C’est aussi une technologie de productivité capable de traiter avec des environnements incertains et hautement complexes comme les transports, la logistique ou encore la gestion d’un bâtiment. Par sa capacité à gérer cette complexité, elle est vouée à jouer un rôle majeur dans la transition environnementale en améliorant l’efficacité énergétique, la maintenance ou encore en favorisant l’économie circulaire. Pour toutes ces raisons, l’IA prend le relais de l’ère industrielle qui se referme.
Elle a un impact direct sur le secteur de l’immobilier. Par définition, l’immobilier représente un
secteur où les taux d’usage sont faibles. L’IA va permettre de densifier les usages de bureaux et de logements en les rendant modulaires, modulables et partagés. Prenons le cas du coliving qui connaît un bel essor, les technologies de l’IA vont optimiser l’usage des espaces d’habitation et proposer des parcours aux usagers. Elle va aussi transformer les métiers du bâtiment et de l’immobilier en substituant une organisation autour de la plateforme par rapport au silo. L’IA va faciliter la gestion des bâtiments en optimisant les systèmes de sécurité, d’éclairage et de climatisation pour suivre et prédire les consommations énergétiques ou encore anticiper les opérations de maintenance. Elle facilite aussi les transactions en retraçant l’historique du bâtiment et simplifie la gestion locative en automatisant des tâches chronophages. Enfin, elle devrait devenir un facteur de décarbonation et de résilience des bâtiments en facilitant notamment l’économie circulaire
Ma conviction est que l’IA sera un moteur de la construction de la ville de demain. C’est vrai pour la conception architecturale où l’IA générative fournit des réponses novatrices aux architectes
confrontés à des cahiers des charges d’une grande densité en tenant compte d’un nombre croissant de paramètres comme les réglementations environnementales, les flux et les coûts de maintenance.
Quant aux villes qui brassent des quantités de données, elles commencent à utiliser l’IA pour optimiser la gestion de leurs services et espaces publics. À titre individuel, l’IA va devenir un compagnon pour gérer l’ouverture des volets, son chauffage, choisir un artisan, gérer le contenu de son réfrigérateur et optimiser ses déplacements.